Suite à une remarquable saison 2014 avec les Islanders de John-Abbott, J.J. Molson n’a pas chômé cet hiver. En plus de s’entraîner trois fois par semaine à Montréal, le botteur de L’Île-des-Soeurs a parcouru les combines pour spécialistes aux États-Unis et a même visité plusieurs prestigieuses universités évoluant dans la NCAA. Molson a travaillé d’arrache-pied dans les derniers mois pour arriver où il en est, lui qui est maintenant considéré comme un des meilleurs espoirs à sa position de la cuvée de 2016.
C’est dû moins si on se fie au site de classement de joueurs spécialistes chrissailerkicking.com, qui évalue et classe les espoirs en plus de faire des recommandations aux équipes de la NCAA. J.J. a participé à plusieurs de ces camps dans les derniers mois pour se faire connaître. «Ces camps sont faits pour acquérir de la visibilité, ce sont comme des combines. Ce n’est pas là que tu vas pour t’entraîner, tu y arrives déjà prêt et dois performer», affirme celui qui sera de retour à John-Abbott l’automne prochain.
Performer, c’est exactement ce que Molson a fait à l’académie de Chris Sailer à Las Vegas, où il a remporté le showcase avec un placement de 60 verges. Le Montréalais devait en plus s’ajuster à une nouvelle réalité, celle de botter sur un terrain beaucoup moins large.«C’est en fait une adaptation très facile puisqu’il y a moins de degrés d’angle qu’au Canada. Également, l’air est beaucoup plus sec et ça paraît dans mes bottés, ils vont beaucoup plus loin», poursuit-il.
Chris Sailer, l’expert des botteurs à la tête de cette académie, en a long à dire sur J.J., qui est devenu le premier joueur international à occuper le premier rang de son classement. « Il est autant puissant que précis. Il a tous les outils en sa possession pour performer dans la NCAA», affirme celui qui classe les meilleurs talents à la position depuis 15 ans.
Il semble que l’Université Florida State, Stanford et UCLA sont en accord avec Sailer, Molson ayant visité les trois cet hiver. «J’ai rencontré David Shaw, cela a vraiment été une expérience sensationnelle, leurs installations sont incroyables», raconte Molson.
C’est cependant sa visite à UCLA qui a peut-être été la plus marquante jusqu’ici, Bleacher Report l’identifiant même comme un joueur à acquérir pour les Bruins. Et pour cause, le botteur actuel de UCLA en sera à sa dernière saison en 2015. Molson serait d’ailleurs en terrain connu dans la région de Los Angeles. «J’ai un oncle qui habite la région et ma famille possède une maison à Palm Springs», raconte-t-il.
Si Molson en est aujourd’hui à être un des meilleurs espoirs de toute l’Amérique du Nord, ce n’est pas grâce au hasard selon Gerry McGrath, son entraîneur personnel. McGrath, qui a évolué dans la LCF dans les années 80, a vu à l’œuvre plusieurs botteurs de renoms au fil de sa carrière d’entraîneur dans la LCF et dans le SIC. Selon lui, la clé des succès de Molson est simple. «Trois fois par semaine, lorsque je me présente à 7h du matin pour nos entraînements, J.J. est déjà présent depuis au moins 15 minutes à s’exercer», raconte-t-il.
J.J. (deuxième à gauche), nommé sur l'équipe d'étoiles 2014
Ce n’est pas comme si le botteur n’avait que ça à faire. Lorsque se terminent ses pratiques matinales, J.J prend la direction de Sainte-Anne-de-Bellevue pour se rendre au collège John-Abbott, où il a un horaire de cours complets. Suite à une telle journée, un repos bien mérité ferait l’affaire de bien des gens, mais J.J. se rend en salle pour y poursuivre son entraînement physique.
Ses pratiques avec McGrath sont d’ailleurs bien plus que de simples entrainements techniques. «Il m’aide vraiment dans tous les aspects de mon jeu, que cela soit mentalement ou physiquement. Il a beaucoup d’expérience et ça paraît», poursuit Molson.
Cette discipline à l’entraînement est ce qui risque de lui ouvrir les portes du pays de l’oncle Sam. «Quand tu es botteur, il faut que tu sois discipliné. En pratique, il n’y à qu’environ 30 minutes que l’on consacre aux unités spéciales. Le reste du temps, J.J. est à son bout du terrain à faire ses exercices», affirme son entraîneur avec les Islanders , Patrick Gregory.
J.J. n’a pas toujours eu cette passion pour le football. Comme bien des botteurs, il a débuté son parcours sportif an jouant au soccer. Il évolue au niveau AAA durant cinq ans, mais à l’adolescence, son amour pour le ballon rond diminue. Suivant le conseil du directeur athlétique de son école secondaire, l’école Selwyn House à Westmount, il s’inscrit au football.
En plus de faire des bottés, J.J. évolue comme demi-défensif. Position à laquelle il excelle également, ayant été sélectionné sur l’équipe du Québec en 2014. «Avec Équipe Québec, j’étais partant comme demi de sureté et botteur. C’est là que j’ai vraiment réalisé que je pouvais jouer à un niveau élevé. Après quelques camps, j’ai développé une confiance que je n’avais pas auparavant et ça m’a permis d’augmenter le niveau de mon jeu», se rappelle-t-il.
Arrivé à John-Abbott, J.J. décide de se concentrer uniquement sur sa position de botteur. «C’était une décision personnelle. J’ai réalisé que si j’y mettais temps et efforts, je pouvais atteindre mes rêves. J’adore jouer comme demi-défensif, mais je pourrais me blesser», affirme-t-il.
Même s’il est très jeune en terme de football, J.J. est déjà très avancé dans son développement. Gerry McGrath croit même que J.J. fait déjà partie de l’élite, tous âges confondus. «Je crois qu’il pourrait ce présenter à un camp de la LCF et compétitionner. Peut-être pas gagner le poste, mais donner une bonne compétition à quiconque y serait également», affirme l’entraîneur.
L’entraîneur va même plus loin dans son raisonnement. «Il est définitivement le joueur le plus avancé que j’ai vu à son âge», poursuit-il. Impressionnant venant d’un joueur qui a eu sous ses ordres des botteurs de la trempe de Luca Congi, entre autres.
Même son de cloche du côté de Chris Sailer, qui lui a vu plusieurs joueurs maintenant dans la NCAA et même la NFL passer par ses camps. « Il me rappelle beaucoup Dan Bailey, actuellement avec les Cowboys de Dallas, lorsqu’il était à ce stage de sa carrière», relate-t-il.
Ce qui fait la force du Montréalais? Une combinaison de puissance et de précision, mais c’est sa force mentale qui le distingue des autres. «Il est capable de performer sous pression, c’est ce qui le distingue le plus des autres jeunes», explique Chris Sailer.
J.J. (deuxième rangée, deuxime à gauche) et l'édition 2014 des Islanders
Avec de telles opportunités qui s’offrent à lui, il pourrait être facile pour J.J. de regarder trop loin devant, malgré tout, le #5 des Islanders garde les deux pieds bien sur terre. «Ce que je veux pour 2015, c’est gagner un Bol d’or. Avec le départ de Grasset et Limoilou, nous pouvons être l’équipe qui chauffera et peut-être vaincra St-Jean, j’en suis certain», déclare-t-il. «Nous avons un bon mélange de recrues et de vétérans. Et je crois que nous avons le meilleur quart de la ligue en Adam Sinagra.»
Le jeune joueur est de plus très bien encadré par son entourage, que cela soit sa famille ou ses entraîneurs. «Lorsqu’un jeune vit un recrutement de la sorte, on fait tout en notre possible pour l’aider. On veut qu’il garde sa tête ici, mais on ne peut l’empêcher de poursuivre ses rêves et on l’aide du mieux qu’on peut.», affirme Patrick Gregory.
Pour le moment, J.J. a reçu une offre officielle de l’Université Arkansas State. Avec toutes les équipes qu’il a visitées, et encore plus qui montrent de l’intérêt, ce nombre ne devrait pas tarder à augmenter. Dès 2016, un botteur de Montréal pourrait faire beaucoup de bruit aux États-Unis.